Toujours aussi magique l'UTAT - 1ère partie

Me revoilà au Maroc 2 ans après, pour participer à l'UTAT !

Initialement inscrit sur le challenge (42 km + 26 km en 2 jours) , j'ai modifié mon programme afin de courir le 105 km. Ce fameux ultra parcourant les vallées les plus reculées du Haut Atlas. Faute de n'avoir pu courir la Cavalls del Vent 10 jours auparavant, je tenais à courir un ultra en cette fin de saison.

Je n'ai qu'une hâte, parcourir ces montagnes, entrer de plein fouet dans cette portion de course entre le KM 30 et le KM 88, où seules nos jambes sont en mesure de nous faire avancer! Pas d'échappatoire possible si ce n'est faire demi-tour ou atteindre ce KM 88. Les habitants berbères se déplacent avec leurs mules sur des sentiers escarpés dans des paysages grandioses. Leur vie est extrêmement rude. L'été, il y fait chaud, le soleil tape. L'hiver, la neige tombe. Leurs maisons de pierre semblent être de bien faible protection contre le froid.

Cette année, je me sens en forme. De bons entraînements, des vacances passées en montagne (Norvège et Catalogne) à randonner ou courir. Seuls mes intestins m'inquiètent. Depuis maintenant plusieurs mois je ressens des douleurs au ventre pendant les courses et les longues journées de randonnée. Je ne peux m'alimenter correctement. J'ai dû abandonner sur le 80km du Mont Blanc fin juin pour cette raison. Durant tout l'été, j'ai fait plusieurs sortes de test lors des entraînements. Quoi manger ? Plus ou moins ? A quels moments ? J'ai réussi à me rassurer avant le départ. Je mangerai et boirai peu, à la sensation et dans les montées, là où les secousses sont moindres. Je réduirai la vitesse afin de laisser le corps assimiler.

Le site d'Oukaïmeden

6h, jeudi matin: le départ

Il fait encore nuit, la température est douce. Nous sommes un peu plus de 160 participants cette année sur l'ultra. S'y ajoutent les coureurs du 42 km prenant le même départ que nous jusqu'au PC2.

Le départ est donné, je suis placé en 2 ou 3 ème ligne et vois partir les "avions de chasse" devant. Je me cale à un rythme raisonnable sur le plat et essaie d'avancer au mieux dans ce 1er col de la journée en alternant marche et course. A 3000 m d'altitude le souffle se fait plus court. Je réduis l'allure, le chemin est encore long. J'assiste à un magnifique lever de soleil, dominant une mer de nuages. J'atteins le PC1 au KM 11 en 1h15 de course. Voilà 600 m D+ de fait. Le chemin est roulant jusqu'au KM 30 hormis quelques villages et traversées de lit de rivière. J'effectue la descente avec la seconde féminine qui n'est autre que Néréa Martinez, 2ème au tor des géants 3 semaines auparavant. Je me demande comment ces athlètes sont capables d'enchaîner les ultras de cette manière. Ils sont tout simplement impressionnants.

Nous atteignons le PC2 au KM 20 au bout de 2h15 de course en compagnie de l'espagnole et d'un Italien. Je m'y arrête 2 min pour retirer une couche de vêtement. Il fait désormais plus chaud, le soleil est levé . Il subsiste néanmoins un voile nuageux et j'en suis ravi. Cela me permettra de moins ressentir l'effet de soif. Pour le moment je n'ai bu que 3 ou 4 gorgées d'eau au niveau du PC1. Je passe le premier ravitaillement au PC2 sans boire ni manger. Je me ravitaillerai plus loin. Damien, mon binôme Auvergnat me rejoint au moment où je quitte le PC2. Nous sommes maintenant un groupe de 5 / 6 coureurs à se tenir dans la même minute. Néréa imprime un bon rythme, je relance de temps en temps dans les courtes montées, profitant de mes grandes enjambées ! Nous atteignons le PC3 au KM 30 en 3h15. L'allure est excellente, je ne ressens pas de douleurs musculaires, le ventre se comporte bien mais je n'ai toujours pas mangé. Je fais le plein de la poche à eau au maximum. Le prochain ravitaillement se trouve au KM 68. Nous entrons maintenant dans le vif du sujet. Cette portion de course que j'attends depuis un moment avec ses chemins escarpés, ses villages reculés, ses paysages grandioses. L'espagnole et l'italien font un ravitaillement rapide de repartent presque immédiatement. Je prends un peu plus de temps pour remplir la poche à eau et pars à leur poursuite 1min après. Je sais de toute façon que je ne pourrai les suivre, car j'ai prévu de manger et boire dans la prochaine montée. Je devance 3 coureurs dont Damien de quelques minutes. je me trouve entre la 12 et 14 ème place environ.

Des travaux ont été entrepris depuis mon dernier passage, il y a 2 ans. Une pelleteuse taille un chemin à flanc de montagne, ce qui permettra aux véhiculex 4 roues d'atteindre le prochain village. Il reste cependant encore beaucoup de travail et de kilomètres à réaliser.

Le village à flanc de montagne

Les montagnes m'entourant semblent immenses. Maintenant je dois remonter cette vallée. Comme prévu je ralentis l'allure et essai de m'alimenter un peu. j'avale une barre de céréales, prend quelques "lampées" de gel et bois un demi litre d'eau, le tout étalé sur 45 min à allure modérée. Je vois au loin l'espagnole et l'italien prendre de l'avance et j'espère me faire reprendre prochainement par Damien toujours à vue derrière moi pour ne pas rester trop longtemps seul. Durant cette montée je croise Denis le caméraman. Il me film et pose quelques questions. Je lui réponds le souffle court en atteignant le 1er "petit" col (à voir, je suis dans la vidéo de la course !!!).

Lors de cette descente de 300m D-, je commence à ressentir l'effet du ravitaillement sur mon ventre. Je me sens ballonné, j'ai beaucoup de mal à digérer. Mon corps s'épuise petit à petit. Arrivé à la rivière je m'arrête quelques minutes pour m'y rafraichir.

L'immensité des montagnes de l'Atlas

La suite prochainement :)